L'atelier d'arts plastiques... pour les enfants comme pour les adultes.

L’atelier d’arts plastiques… pour les enfants comme pour les adultes.

Je connaissais Hélène Laribe depuis plus d’une semaine quand, à ma demande, elle apporta quelques unes des toiles qu’elle réalisait, pour se réaliser, dans cette passion dévorante pour une forme d’expression qui permet tout : dire ce qu’on ne peut pas, montrer ce qu’on ne veut pas et communiquer profondément, intensément et surtout sincèrement. Hélène Laribe est une artiste peintre du Quercy et elle a «le feu sacré». Elle parcourait le pays dans tous les sens pour en saisir, ici ou là, une de ses merveilles, un caillou, une fleur, une feuille… par la magie de ses sens qui s’expriment à travers des doigts qui ont tout connu, l’usine, la cuisine, le jardin mais aussi l’ordinateur. De cette forme d’expression, elle réalisait un joyau, un feu d’artifice, un paradis dans lequel on aimerait bien se perdre. Hélène Laribe était allocataire du Rmi, et pour répondre à une commande du conseil général, je devais l’accompagner, dans le cadre d’un contrat d’insertion, vers un emploi qui puisse lui garantir une relative autonomie financière.

Le Rmi est une réalisation d’une extrême générosité et qui pourrait aisément figurer au patrimoine mondial de l’humanité mais c’est en même temps un dispositif qui risque de secréter de l’exclusion, celle qui met la personne humaine au ban de la société. Il me paraissait inconcevable dans un pays aussi riche et aussi puissant, et dans tous les cas, profondément injuste que la société puisse ignorer, à ce point ce qui constitue sa grande richesse : une personne porteuse d’autant de valeurs qui symbolisent la culture et la civilisation françaises. Il y avait et il y a toujours, des citoyens qui, en raison de leur âge ou leur état de santé, méritent non seulement l’allocation mais aussi la mise en œuvre de moyens qui apporteraient confort et bien-être, au quotidien. Par contre une mesure similaire en direction des jeunes, doit être entourée de mille et une précautions afin que les effets non souhaités ne se transforment pas en catastrophe nationale.

Hélène Laribe est une artiste accomplie. Si le pinceau est son instrument privilégié, elle utilise aussi le couteau mais aussi directement ses dix doigts qui deviennent des générateurs, de couleurs qui éblouissent le regard et de formes qui captivent l’âme. Aux portraits qu’elle réalise, il ne manque que la parole pour que le personnage entame une conversation secrète ou publique, douce ou orageuse, un tempérament qu’elle aura saisi dans ses moindres nuances. Il n’était guère possible à un artiste de vivre de son art car tant et tant de personnes revendiquent ce statut. Durant la saison estivale, chacun peut se faire une idée sur l’intérêt et la qualité des multiples expositions qui rythment les différents programmes.

Il était quasiment impossible à Hélène Laribe d’accéder à un emploi salarié y compris sous contrat aidé par l’état dont elle vient d’utiliser toutes les ressources. En concertation, avec Pierre Brayac, président de l’association, j’entrepris d’explorer les pistes de contrat au sein d’adc même. D’échanges en calcul, de négociation en concession, l’Anpe soutint notre démarche de « contrat de retour à l’emploi » qui permit à Hélène Laribe d’accéder enfin à un emploi pérenne, d’animatrice. Dans une petite structure comme la nôtre, elle devait être polyvalente. Par chance, son recrutement coïncidait avec la mise en place d’une action de formation en direction d’un public jeune qui devait préparer le diplôme national du brevet dont le contenu impliquait un enseignement en arts plastiques. Hélène Laribe assura l’enseignement avec la même passion. Parallèlement, nous mîmes en place deux ateliers. Le premier se tenait le mercredi après-midi et accueillait des jeunes de sept à quatorze ans, pour une véritable ouverture aux techniques picturales. L’autre, deux fois par semaines en soirée, accueillait des adultes. De l’initiation au perfectionnement, tous les participants venaient rechercher une source d’épanouissement. Comme ces tâches ne pouvaient assurer la viabilité de l’emploi, je lui avais suggéré de s’initier aux activités administratives. Elle s’intégra à temps partiel à un groupe qui préparait le Bep secrétariat et suivit la plupart des enseignements généraux et professionnels. Elle fit la démonstration qu’un objectif diplômant est toujours préférable. Le reste du temps, Hélène Laribe peignait au sein même du secrétariat qui était devenu l’atelier de l’artiste peintre, ce qui surprenait bien des visiteurs. De tâche en tâche, des cours dans le cadre d’un programme bien défini, des animations multiformes d’ateliers de dessin et de peinture, des activités de bureau variées, des œuvres réalisées sur commande ou selon l’inspiration et l’artiste peintre devint un citoyen acteur, agissant pour son bien et celui de sa communauté.

J’avais accompagné celle qui devint une vraie collègue, pendant près de neuf ans jusqu’à son départ à la retraite. Elle explore toujours sa passion, en même temps qu’une nouvelle : le chant, au sein de la chorale du haut Quercy dont elle assure le secrétariat qui lui permet de recourir aux compétences informatiques acquises à adc , une raison de plus de faire l’admiration de son entourage.

Hélène Laribe qui fit localement connaître Etienne Dinet, le plus émouvant des orientalistes, en lui consacrant une formidable exposition, est aussi le maître qui guida mes réels premiers pas dans la peinture à l’huile…

Powered By Blogger