Le comité de parrainage... au coeur des valeurs républicaines.

Le comité de parrainage …  au cœur des valeurs républicaines.

C’est Martine Ayme, Sous-préfet qui avait pensé, conçu, animé et continuellement adapté aux exigences du moment, le comité de parrainage de Figeac. Celui-ci n’avait de commun avec les structures qui avaient fleuri ici et là et dont il faut saluer le mérite d’avoir essayé, que le schéma global d’organisation et l’appellation. La structure créée avait un statut d’association avec ses différentes instances. Cependant, comme sa qualité de haut fonctionnaire, représentant l’état, ne lui permettait pas d’en faire partie, elle en était l’animatrice ou plutôt le chef d’orchestre. Comme l’œuvre et ses effets, la partition était d’une singulière précision. Les membres actifs de l’association n’avaient plus qu’à laisser leurs talents s’exprimer. La première prouesse avait été de réunir autour d’un même objectif, l’insertion professionnelle de tous les publics sans distinction aucune, tous les acteurs de la vie locale qu’elle soit politique, sociale ou économique. C’est aussi par le maillage du territoire que cette structure au service des demandeurs d’emploi, se caractérisait. Presque toutes les associations avaient adhéré au principe en se conformant à une charte implicite mais qui se construisait réellement à mesure que le volume des accompagnements s’accroissait. Madame le Sous-préfet avait insisté pour que je m’engage davantage dans les missions de proximité. C’est ainsi, que je fus élu vice-président mais ce n’était réellement pas la fonction la plus importante. A l’échelle de mon territoire, j’étais le coach des personnes en cours de parrainage et surtout j’étais le correspondant local du comité. La fonction accompagnement vers l’emploi était une composante de mes activités professionnelles et s’intégrait parfaitement dans mes missions de psychologue-formateur. En outre, Martine Ayme, me chargeait d’une fonction alerte, notamment, confirmer les rendez-vous entre parrains et filleuls ou rappeler un engagement. Les correspondants devaient aussi repérer les personnes en besoin d’un réseau relationnel que le comité de parrainage apportait. A l’occasion des sessions du comité de pilotage qu’elle animait personnellement et au cours desquelles, nous présentions les futurs parrainés, des solutions commençaient déjà à être explorées. Sa perception du profil du candidat et sa parfaite connaissance des personnalités des parrains, débouchaient toujours sur la composition d’un binôme particulièrement performant. Tous les trois mois, environ, c’est un bilan d’étape qui était réalisé. Celui-ci était surtout l’occasion de tisser des liens, susciter des collaborations et esquisser des plans de partenariat. Ces rencontres permettaient aussi aux institutions de l’état et aux élus, d’entendre les réelles préoccupations des citoyens. Une fois par an, au mois de juin ou juillet, juste avant les départs en vacances, la fête du comité de parrainage était organisée. En toute convivialité, outre les acteurs du dispositif que nous étions, les marraines et les parrains, les filleules et les filleuls, les élus, les parents et les amis, les responsables à tous les niveaux … ainsi que tous les curieux qui souhaitaient en savoir plus sur cette machine à insérer, se retrouvaient autour d’un repas dont le menu n’était nullement la principale attraction. Le coût du dispositif était insignifiant. Le chef d’orchestre était fonctionnaire, c’était pour ainsi dire une attribution naturelle pour un représentant de l’état. Les musiciens étaient des salariés, à des titres divers. Tous donnaient de leur temps, bénévolement, et tous, étaient animés par un engagement militant. En terme de résultat, il n’y a pas eu jusqu’à présent de dispositif aussi performant, pas loin de 80 % de solutions positives incluant les Cdi, principalement visés, les Cdd de plus de six mois et les entrées en formation. Certaines solutions étaient inespérées, tant le réseau avait joué, pour faire tomber toutes les barrières souvent psychologiques. Tous les recruteurs avaient pratiquement revivifié et régénéré, le regard qu’il portait sur ce public comme sur les méthodes qu’ils utilisaient. La secrétaire du comité, pourtant en contrat Ces (contrat emploi solidarité), avait acquis une expérience qu’elle avait pu rapidement négocié. Aujourd’hui, elle est fonctionnaire. Elle ne repassera plus jamais par la case de la recherche d’emploi. Je croise très souvent celles et ceux qui affichent un sourire radieux et surtout permanent, une façon de remercier celle qui avait réussi à secouer un peu un territoire qui somnolait …

La communication autour de cette belle expérience était également bien menée par les services de l’état. Tous les organes d’information locaux et même nationaux avaient disséqué la structure en pleine croissance, contribuant à chaque occasion, à conforter sa légitimité et sa notoriété. L’écho fut tel que Matignon avait dépêché un émissaire dont l’une des priorités semblait être la réalisation d’un dispositif similaire à Bordeaux. Je n’ai pas entendu parler de cette possible transplantation et toutes les tentatives engagées ici ou là, ont été, à ma connaissance, particulièrement éphémères. Ce n’est pas tant le schéma d’organisation d’un comité de parrainage qui semble déterminant de la réussite du dispositif mais plus le rôle fédérateur de ce personnage central qu’incarnait Le Sous-préfet. Si une structure peut être aisément reproduite, à l’identique, en tout lieu, il sera particulièrement difficile, de trouver l’homme ou la femme qui puisse assurer cette importante fonction d’animation. Ce personnage-clé sera toujours suspecté de servir avant tout les intérêts et les ambitions de la sphère d’influence dont il est issu. Un chef d’entreprise sera toujours considéré comme le porte-voix du patronat avec toutes ses connotations négatives. Un homme politique sera toujours accusé de faire des choix non appropriés, puisque, dans le meilleur des cas, ses orientations ne seront partagées que par la moitié des participants, conformément au clivage généralement observé. Un acteur de la vie associative, quant à lui, n’a pratiquement aucune chance de pouvoir aller au-delà de la déclaration d’intention, tant il est unanimement perçu comme un profane de l’activité économique. Le seul personnage qui soit en position d’échapper aux
présupposés qui fondent l’illégitimité, est un haut représentant de l’état et qu’incarnait, avec beaucoup de charisme, Martine Ayme, Sous-préfet.

Au-delà des solutions concrètes, de la légitime fierté des bénéficiaires qui ont été les véritables acteurs de leur propre projet et la satisfaction, souvent non exprimée, de l’ensemble de l’équipe d’animation du dispositif, c’est le climat social produit par la mise en commun des idées et des énergies qui était le plus frappant. On ne pouvait qu’être ému de vivre tant de solidarité et de fraternité. A cet instant, les valeurs républicaines triomphaient …

Au moment où elle s’apprêtait à donner au comité de parrainage la structure et les moyens de sa pérennité, Martine Ayme, Sous-préfet, avait été appelée à d’autres fonctions. Comme il est d’usage dans la haute administration, une promotion ne se refuse pas.

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