D'une rive à l'autre...



Au moment où la planète entière, salue le triomphe des valeurs profondes et authentiques, je vis un véritable calvaire. Je souffre d’un cancer social, dû aux effets rageurs de la discrimination, une pratique beaucoup plus répandue qu’on ne le soupçonne. Mon histoire révèle des pratiques antirépublicaines qui passent presque inaperçues et mettent à nue l’indigence intellectuelle et morale de ceux-là même qui sont censés placer la citoyenneté au cœur de leur mission… Victime de pratiques discriminatoires à caractère raciste, quel ne fut pas mon malheur de m’adresser à la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) …

Je suis né dans ce vaste pays qu’on appelle l’Algérie, sur les Hauts plateaux sétifiens, ces terres dures et généreuses qui façonnent à leur image tous les êtres qu’elles ont vu naître ou qu’elles ont accueillis. Pour certains, c’était un simple département français ajoutant avec une pointe de provocation que la Méditerranée n’est qu’un grand fleuve qui traverse la France. Pour d’autres, c’était un département d’outre-mer, suggérant une contrée lointaine et exotique. Il fallait bien traverser la grande bleue pour retrouver, de l’autre côté, une côte splendide avec ses criques poissonneuses et ses plages idylliques, de sable ocre ou de galets blancs. Capitale de la petite Kabylie, c’est la ville de Bougie, aujourd’hui Béjaïa pour les arabes ou B’gayèth pour les berbères, qui vous accueille et qui vous conduit par les gorges de Kherrata vers l’ancienne Sitifis que l’on désignait par l’interminable « Colonia nerviana augusta martialis veteranorum sitifensium », et qui occupait déjà une position stratégique sous l’empire romain. B’gayèth, Béjaïa ou Bougie, elle fut la capitale de la dynastie des Hammadides au onzième et douzième siècles. Elle sait toujours vous retenir des jours, des mois, des années pour vous faire découvrir ses petits secrets. Du petit restaurant du port où vous dégusterez les fruits de la dernières pêche, aux chemins qui montent vers mère Gouraya, ici, on dit, M’a Gouraya, la sainte protectrice de la ville, en passant par la place Gueydon, la fraîcheur de ses arbres séculaires, le service unique de ses boissons et surtout ses interminables discussions. A l’ombre et sous la brise marine tout se murmure à l’exception de l’évocation de l’Amiral Comte Louis Henri Gueydon, gouverneur général d’Algérie de 1871 à 1873. Le bougiote, le béjaoui se nourrit de son histoire pour être ce qu’il est : accueillant, chaleureux et fraternel. Pour que Bejaïa vous accueille dans l’intimité, il faut bien entendu le mériter : patience, persévérance et délicatesse sauront vous ouvrir toutes les portes souvent entrouvertes…. Sétif sa grande sœur, n’est pas si loin. Malgré la rudesse d’un vrai climat continental avec des hivers sibériens qui alternent avec des étés caniculaires, elle est si hospitalière. Sétif était le grenier à blé de tout le sud de l’Europe. Comme mon père, presque tous ses habitants tiraient leur subsistance du travail de la terre. Ce sont des paysans à la peau épaisse, dure et bronzée mais au cœur fondant. Quand on produit des farines et des semoules qui donneront un merveilleux couscous, de subtiles migas (ou migasse), de délicieux spaghetti, une conviviale m’fermsa ou une généreuse galette, c’est la bonté qui s’exprime à travers les bras, les joues et les lèvres. Le paysan au chevet de la terre nourricière, a le corps tendu vers l’autre qu’il enveloppe dans une âme qui agrippe, qui étreint et qui finit par vous conquérir. Vous devenez l’esprit de ces hauts lieux de fraternité, de solidarité mais aussi de bravoure. Sétif est au carrefour de différentes civilisations et cultures : les berbères, Kabyles ou Chaouis, les romains, les arabes, les turques et enfin les français. L’un a apporté le christianisme, l’autre le judaïsme ou l’islam et tous contribuèrent à façonner un territoire multicolore, polyglotte mais aussi polyphonique. Mélangez savamment les apports de toutes ces influences et vous obtiendrez un sétifien ou une sétifienne. Tendez l’oreille un sétifien raconte, au bout de quelques phrases, il vous aura accompagné dans un grand tour de la Méditerranée. Il est capable de commencer sa phrase en kabyle pour la terminer en français ou l’inverse et de la ponctuer par une expression arabe, espagnole ou italienne. Le Sétifien est authentique, direct, franc, loyal, sincère, courageux et brave mais aussi excessif à l’image de son cousin marseillais. Il serait même capable de vous raconter comment le village entier s’était régalé avec l’unique truite pêchée au Bou Sellam, cette petite rivière, si tumultueuse l’hiver et si effacée l’été.

A six ans, je rentrais en cours préparatoire. Dès la rentrée, l’une des toutes premières chansons que Madame Darriet, notre institutrice, nous apprit, était : « Allons enfants ! ». Ce n’est que plus tard au cours moyen, après l’avoir chantée à l’école et même en dehors, en toutes circonstances, que j’appris qu’il s’agissait de l’hymne national français, la Marseillaise. En fin d’année, comme j’avais plutôt bien travaillé à l’école, on me décerna un prix qui me fut remis à l’occasion d’une cérémonie digne d’un film, à grand et éblouissant spectacle comme on sait en faire aujourd’hui. Des militaires en costumes d’apparat, des spahis aux tenues flamboyantes, des hommes, des femmes, tous semblaient avoir longuement été préparés à une mise en scène, jusque là impossible à rêver. M. Brugières-Gardes, c’est ainsi qu’il signait notamment nos relevés de notes, notre instituteur avait aussi une tenue des grands jours de fête. Il ne pouvait certainement pas dénoter au milieu de cette foule d’officiels : veste d’un gris blanc en damier sobre et élégant, pantalon foncé, chemise blanche et cravate. Plus que d’ordinaire, il m’impressionnait. Ce jour-là, il me fit, avec un sourire large et rassurant, un compliment inhabituel, il trouvait mon blaser couleur havane, très chic. Je suis presque certain de l’expression. Du haut de mes onze ou douze ans, j’en étais un peu fier et surtout un peu plus embêtant car je n’arrêtais pas de lui répéter : « C’est notre chanson ! » après que la fanfare militaire eut entamé l’exécution de la Marseillaise. Le lendemain, de retour à l’école, il nous fit une leçon d’instruction civique un peu plus longue que d’habitude. Nous en avions besoin. Très tôt, M. Brugières, me permit de prendre conscience que nous, les damnés de la terre, nous ne devrions notre salut qu’à une solide éducation, celle qui permettra, plus tard, d’avoir une situation bien établie. C’est ce message, aux vertus bienfaisantes que j’essaie, à mon tour, de transmettre à ceux que la société n’a pas du tout gâtés. M. Brugières, c’est surtout par cette partie de son nom qu’il était communément appelé, est certainement loin de s’imaginer que le petit sétifien qu’il avait laissé là-bas, a, comme lui, traversé, dans l’autre sens, la Méditerranée…

A quatorze ou quinze ans, c’était, sans doute, la classe de quatrième, du lycée Eugène Albertini, aujourd’hui, Mohamed Kérouani, qui me permit de vivre des moments que j’évoque avec un certain amusement. Notre professeur de musique, Madame Millara, m’avait conduit à découvrir, à explorer et à poser de nouveaux repères à ma personnalité d’adulte en devenir. Elle était de confession juive mais ne le montrait pas du tout. A l’école de la république la laïcité avait un sens. Ses tenues vestimentaires était à la fois sobres et élégantes : pas un cheveu ne débordait de son chignon, aucun accessoire ne jurait. C’était aussi une femme d’une très grande culture, celle de l’ouverture aux autres. Elle avait au programme, « La bourrée en Auvergne » que nous avions étudiée, solfège à l’appui et répétée des dizaines de fois. Aujourd’hui encore, les pas de danse résonnent dans mon corps. Je me demande si mes camarades de l’époque, à Aurillac ou Clermont Ferrand, avaient été soumis au même exercice. Notre appropriation de la culture de la France profonde, est la conséquence de l’éducation que nous avions reçue. Cela s’était fait ainsi, l’histoire, la nôtre, la vôtre, ne nous avait pas consultés sur les orientations qu’elle souhaitait prendre. Sans jugements de valeur, ni d’amers regrets, je la vis comme tout autre partie de moi-même.

Madame Millara, a également joué un rôle particulièrement important, dans mon attachement profond à ma double culture. Un jour, elle nous parla, avec moult détails de la musique égyptienne, de son raffinement et déjà, de son métissage. Pour clore son exposé, elle nous invita à écouter Farid El Atrache, interprétant, « Noujoum El Lil », les étoiles de la nuit. Nous étions très concentrés. Dès les premières notes, on eut cru notre professeur de musique, en état de bénédiction. La façon dont elle avait, sous nos yeux, goûté, cette tranche de culture qu’on lui croyait étrangère, m’avait non seulement décomplexé mais aussi conduit à regarder et à aimer ce je suis réellement. Depuis ce jour-là, j’avais acquis le sentiment profond de mon appartenance à deux cultures principales avec toutes les subtiles particularités que l’une comme l’autre, savent mettre en valeur. Ma sérénité était et est toujours, confortée par l’inexistence d’antinomies. On peut être de l’une et de l’autre, avec un égal bonheur. Naturellement, il y a ceux qui m’admirent et ceux qui m’envient.

Quelques années plus tard, après avoir été instituteur, un missionnaire de l’action éducative de l’Algérie indépendante, je décidais d’avancer un peu plus, dans un parcours professionnel à peine ébauché et me présentais au concours d’accès à l’institut de psychologie appliquée et d’orientation scolaire et professionnelle, rattaché à l’université d’Alger. La formation était d’excellente qualité. Elle était assurée par des enseignants, majoritairement des français qui aimaient autant le pays que leur métier. Elle était pluridisciplinaire au sens propre du terme : aux traditionnelles sciences humaines, elle apportait un enseignement approfondi en mathématiques, statistiques, biologie et même en programmation informatique. Ma première expérience d’enseignant et ma curiosité m’ont amené à développer un intérêt particulier pour la psycholinguistique et les outils d’évaluation. Sous la direction de Claude Bastien qui venait d’obtenir un doctorat d’état es lettres, je préparais et soutenais un mémoire portant sur l’application des travaux de Noam Chomsky, aujourd’hui plus connu comme opposant à la politique de Georges Bush. Claude Bastien a appliqué les données de la « grammaire générative transformationnelle » à la langue française dans des domaines comme la traduction automatique ou les processus d’apprentissage. Mon travail de fin d’études était bien modeste mais je fis, sous la direction de mon maître, la démonstration qu’une évaluation de mathématiques sanctionnait en fait, le niveau de français de l’apprenant, une réflexion supplémentaire qui vient nourrir mes pratiques pédagogiques. C’est avec une mention assez bien que j’avais obtenu le diplôme d’état de conseiller d’orientation scolaire et professionnelle qui m’ouvrit d’autres perspectives.

L’attrait de la gestion des ressources humaines, fixa mon choix sur la plus importante et la plus prestigieuse société du pays : la Sonatrach. Spécialisée dans les hydrocarbures, elle assurait toutes les opérations de la recherche de gisements à la commercialisation des produits, bruts ou finis. C’était une entreprise qui comptait sur la scène internationale. Très rapidement, dans les années fastueuses, l’entreprise me confia des responsabilités étendues. J’avais en charge le recrutement pour toutes les structures du groupe, intervenant sur le champ pétrolier de Hassi Messaoud. Les contrats de partenariat avec les multinationales du secteur, des entreprises françaises, italiennes, espagnoles mais aussi japonaises ou américaines, incitaient tous les opérateurs nationaux à recourir aux modes d’organisation les plus opérants et aux méthodes les plus efficaces et les plus reconnues du moment. Pour un pays en voie d’industrialisation, les innovations technologiques ont un rythme trop élevé, freinant ainsi son potentiel de développement. Tout pays en besoin de technologies nouvelles est condamné à faire de la formation et du perfectionnement continus, son axe majeur de développement. Au même titre que les six mille techniciens et ingénieurs en formation à travers le monde, mon employeur prit la décision de valider mon projet de qualification complémentaire à Paris. Je bénis cette décision qui mit fin à mes réguliers déplacements entre Hassi-Messaoud et Paris où mon épouse terminait ses études de médecine.

C’est à l’âge de dix-neuf ans que j’eus l’occasion de me confronter concrètement à la réalité de la France. C’est une sensation bien bizarre de découvrir son pays pour la première fois. J’étais surpris de constater que les jeunes de mon âge, garçons et filles, ne voyaient pas du tout en moi quelqu’un venu d’ailleurs. Le marquage par les origines est une conduite récente. Elle trouve certes sa justification dans les crises économiques successives mais surtout dans les bouleversements sociaux et plus particulièrement dans la dégradation du système éducatif et son retentissement sur le climat général. Au fil du temps, je m’étais fait beaucoup d’amis. C’est à l’occasion d’un dîner chez Suzanne et Claude, que je qualifierais volontiers de parents d’adoption, que je fis la rencontre de celle qui deviendra mon épouse, devant Monsieur le Maire du vingtième arrondissement de Paris. Elle est parisienne mais avec de solides attaches lotoise, elle était et elle est toujours d’une beauté qu’aucun poète n’a su, jusqu’à présent, décrire et d’une intelligence exceptionnelle. Elle terminera bientôt de brillantes études médicales qui seront complétées par une spécialité en endocrinologie, diabétologie et maladies métaboliques. Ce parcours sera complété par deux autres titres interuniversitaires l’un en cancérologie et l’autre en échographie cervicale endocrinienne qu’elle mer au service de patients qui viennent parfois de très loin…

J’avais été, tout à fait naturellement, accueilli dans sa famille : Raoul, son père, haut fonctionnaire au ministère de l’intérieur, ancien résistant et déporté et Ada, sa mère, maîtresse du foyer qui avait eu de quoi s’occuper avec les six enfants qui ont tous réussi : Annie, l’aînée comme professeur de physique chimie au lycée français de La Haye, aux Pays Bas, Jean-Jacques est professeur en chirurgie dentaire, Gérard est professeur en médecine, Michel est musicien, saxophoniste de l’orchestre de la police nationale et professeur au conservatoire de Paris et Daniel est Kinésithérapeute du sport et exerce au sein de clubs de football professionnel.

Il me semble bien que la société française n’était pas du tout crispée par la question de la diversité, elle s’attachait davantage aux valeurs portées par la personne qu’à des apparences souvent trompeuses. Nous avons fêté trente-cinq ans de vie commune, ponctuée, comme pour de nombreuses familles, par des peines et des joies. Le bonheur d’avoir encore des projets communs est si fort que les difficultés de certains moments paraissent dérisoires.

Je ne crois pas avoir besoin de justifier mon intégration à cette société qui m’a façonné à son image. Celui qui ne voit en moi que des différences, doit certainement souffrir de carences éducatives. Bien dans ma peau et dans mes souliers, y compris de football, je dois probablement lui renvoyer une image apaisée, avec laquelle, il ne peut se réconcilier. La destruction de cette image lui apparaît comme l’unique thérapie. Une fausse route mène souvent vers une impasse, c’est pourquoi, il continuera d’aller d’agression en agression, jusqu’à la véritable confrontation…

A Paris, sur les conseils d’un de mes anciens professeurs, je m’inscris à l’Inetop (Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle) pour une direction d’études qui me servit à la fois de mise à niveau et d’observatoire des modules qui viendraient compléter mon projet de formation. Parallèlement je pris quelques unités de valeur au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) en psychologie et organisation du travail et de l’entreprise, essentiellement. Pour ma seconde année parisienne, outre le Cnam, je me lançais dans la préparation de deux certificats de maîtrise à l’université de Paris V –Sorbonne. Le premier, en psychologie différentielle, avait pour responsable , Maurice Reuchlin, le père de la psychologie telle qu’elle s’enseigne aujourd’hui et à qui on doit, notamment, l’histoire de la psychologie, une référence. Il était secondé par Michel Huteau, qui deviendra directeur de l’Inetop et par Pierre Roubertoux qui occupera plus tard un poste de directeur de recherche au Cnrs. Maurice Reuchlin est un océan de culture, avec le souci du détail et de l’exactitude. Michel Huteau, c’est plutôt la rigueur méthodologique. Quant à Pierre Roubertoux, par son orientation de généticien, il apportait à la psychologie une véritable dimension scientifique. Le certificat de psychologie différentielle, était d’un accès particulièrement difficile. Alors que les autres certificats comptaient deux cents ou trois cents étudiants, ce dernier n’en enregistrait qu’une quinzaine. En fin d’année, il y eut, à peine sept ou huit admis. Sous la direction de Michel Huteau, je préparais un mémoire sur la dépendance -indépendance à l’égard du champ que développait le chercheur américain R. H. Witkin, en relation avec le test de Meili. Ce travail mit en valeur les stratégies cognitives dans la résolution de problèmes. On observe, dans la dimension étudiée, des différences individuelles. C’est par une mention assez bien, que j’ai été déclaré admis au certificat de psychologie différentielle. L’autre certificat portait sur la psychologie pathologique. En amphithéâtre, nous étions très nombreux, plus de trois cents, probablement. Les travaux dirigés étaient beaucoup plus intéressants. En petits groupes, de dix à quinze étudiants, nous étions encadrés par un enseignant-chercheur. J’eus la chance de faire partie de celui du docteur Fustié dont l’expérience clinique était exceptionnelle. Il supervisait également les stages pratiques. Je réalisais le mien à L’hôpital Sainte Anne à Paris qui nous assurait une formation pratique d’une infinie richesse : observations cliniques, participations aux synthèse de l’équipe soignante et aux échanges avec des praticiens internationaux. Cette année là, l’université rendait hommage à Pierre Janet qu’on peut aussi qualifier de père de l’école française de psychiatrie. Mon maître de stage me confia l’étude de la notion de travail que Pierre Janet utilisait comme un indicateur de diagnostic de santé mentale. Pour ce thérapeute, la présence de cette notion permet, toujours, de faire un pronostic favorable. Aujourd’hui, encore, ce corps de connaissances me paraît insuffisamment exploité notamment par tous les professionnels de santé mais aussi ceux de l’orientation professionnelle. L’ensemble des évaluations pour ce certificat m’a également permis d’obtenir une mention assez bien.

Au Conservatoire national des arts et métiers mon objectif était d’obtenir le Diplôme d’études supérieures économiques (Dese) option psychologie du travail que dirigeait le professeur Pierre Goguelin. Je souhaitais aussi préparer un diplôme d’ingénieur en organisation du travail et de l’entreprise mais pour cet objectif complémentaire, il m’aurait fallu des journées de quarante-huit heures !

Outre les unités de valeur assurées par Pierre Goguelin lui-même, un expert du monde de l’entreprise ou par ses assistants pour les travaux pratiques, j’en avais préparé et validé d’autres, en relation avec les préoccupations du secteur économique : sociologie du travail et des relations professionnelles, dirigée par Jean Daniel Reynaud, sociologie de l’éducation et formation des adultes, par Marcel Lesne, théories et systèmes d’organisation, par Bruno Lussato, Organisation du travail et de l’entreprise, par Jean Larue et informatique, par Paul Namian. Les notes obtenues étaient des plus honorables et j’eus même droit aux félicitations du conseil de perfectionnement du Cnam pour une note de 18 obtenue à l’unité de valeur de psychologie du travail, du deuxième cycle (‘B1). J’eus cette chance extraordinaire d’avoir eu des maîtres d’exception et je me suis toujours attaché d’être à la hauteur de leurs enseignements et surtout des valeurs qu’ils portaient. La république peut être fière d’eux car non seulement ils servaient la France et les Français mais aussi l’humanité entière. Ils ont fait de Paris la capitale mondiale du savoir et de l’humanisme. Je ne saurais jamais leur exprimer assez ma reconnaissance. Peut-être, serais-je capable de susciter un léger sourire, de satisfaction contenue, dans ce merveilleux territoire qu’on appelle le paradis…

Le 4 juillet 1978, naissait Irène –Sonia, notre fille. Irène est le prénom de son arrière grand-mère, une italienne qui pourrait vous adopter à la fin de votre sourire et Sonia un prénom très usité dans sa famille algérienne, peut-être même celui d’une aïeule, sans parler des tantes et des cousines. Après un baccalauréat littéraire avec une mention bien, elle entama un cursus de philosophie qu’elle valida par une licence à l’université de Toulouse le Mirail, avant d’opter pour la section design de l’école nationale supérieure des beaux arts de Toulouse dont elle obtient les deux diplômes avec les félicitations du jury. Entre les deux parcours, elle obtint une licence d’histoire de l’art et un diplôme d’université d’arabe. Ces différents parcours n’ont pas été successifs mais plus souvent concomitants. Aujourd’hui, avec une douzaine années de formation universitaires validées, elle évolue dans un univers professionnel qu’elle a choisi et qui semble lui donner beaucoup de satisfaction…

Juillet est là, avec l’effervescence et la fébrilité des départs en vacances. Personnellement, je n’y pensais pas trop. Je bouclais mes lourdes valises pour partir en Algérie où je devais emmener ma petite famille qui a déjà un peu grandi. Aux effets de première nécessité, ce sont surtout les livres qui prenaient la place et faisaient le poids. C’est aussi, non sans fierté que je rangeais mes nouveaux diplômes et certificats, dans la cantine métallique après les avoir enveloppés dans un épais film en plastique. Partir de l’autre côté de la Méditerranée, était notre projet. Un pays jeune qui a besoin de compétences et d’enthousiasme ne pouvait pas laisser indifférents des jeunes qui se voyaient déjà les héros d’une aventure humaine peu commune. Il a fallu une sérieuse programmation pour amener tout le monde à bon port. Parti en éclaireur, mon employeur m’attendait. De toutes les pistes possibles et elles étaient très nombreuses, c’est Nazim Zouiouèche, alors directeur de la production, qui me fit la meilleure proposition. Sorti de Supelec, il était un véritable expert des activités pétrolières avec des compétences techniques et managériales qui faisait de lui l’incontournable interlocuteur des meilleurs spécialistes du monde entier. Par le passé, j’ai eu la chance de participer à des projets qui concernaient la structure dont il était le responsable opérationnel. Il appréciait mon professionnalisme et ne s’empêchait pas de le dire, dans les circonstances les plus appropriées. Naturellement, c’était en mon absence qu’il le faisait, mais il y avait toujours parmi les personnes présentes, au moins une qui s’empressait de me rapporter ses propos, avec une pointe d’espièglerie mais aussi de suspicion. Contrairement aux usages très répandus, qui faisaient des relations familiales ou d’alliance, un système d’appréciation privilégié, mes rapports avec Nazim Zouiouèche étaient strictement professionnels. Le directeur de la production qui sera bientôt vice-président de la société, avait besoin de stabiliser et de renforcer la fonction ressources humaines du champ pétrolier de Hassi-Messaoud qui représentait, à lui seul, non loin de la moitié des ressources en devises fortes dont le pays avait besoin pour son développement. Il voyait en moi l’homme de la situation et j’étais ravi de pouvoir travailler sous la responsabilité d’un gestionnaire d’exception. L’accord fut rapidement conclu.

Quelques jours plus tard, après avoir un peu profité d’une saison estivale qui s’achevait, Claudie, mon épouse repartit en France chercher notre fille laissée aux bons soins de sa grand-mère alors que mon côté je prenais la direction de Hassi-Messaoud, pour prendre mes nouvelles fonctions.

Peu de temps après, nous nous retrouvâmes, à nouveau, en plein désert. L’adaptation était très rapide car les conditions de vie étaient très proches de celles d’un séjour touristique. On arrivait dans une villa spacieuse, lumineuse et surtout climatisée par un équipement particulièrement adapté. Tout était fourni du tapis à la serviette de table. Il ne restait plus qu’à défaire ses valises. La vie quotidienne était aussi des plus agréables : balades dans des oasis paradisiaques, piscine et cinéma qui recevait les nouveaux films, comme à Paris, le mercredi. Il y avait deux régimes qui ponctuaient les activités professionnelles. Celui des « célibataires », souvent mariés et qui laissaient femme et enfants au nord du pays, concernait la très grande majorité des salariés. Le sud avait un attrait financier particulier. Tout salarié, arrivait à doubler et même à tripler, le salaire qu’il aurait perçu près de son domicile. En outre, il était entièrement pris en charge : une cabine confortable, une nourriture riche et variée ainsi que des loisirs à volonté. Tout était gratuit y compris la blanchisserie. Le salarié n’avait comme seule dépense, les boissons prises en dehors des repas et éventuellement les cigarettes. Je me souviens encore de ce collègue américain, travaillant pour United Technologies qui fabriquait, entre autres des turbines, qui me lança une tirade aussi interrogative qu’ironique : « Mais pourquoi payez-vous ? ». En effet, il me vit remettre au barman, la plus petite des pièces pour régler les consommations de tout un groupe. Les semaines de travail étaient longues et pénibles, six jours et demi d’activités sur sept. Cette pénibilité était souvent appréciée car elle permettait de ne pas trop se focaliser sur l’absence des êtres chers : une épouse, des enfants, des parents, des amis… Tout vous manquait pourtant, seule l’idée des retrouvailles atténuait la langueur. L’entreprise assurait également le transport jusqu’au domicile par une rotation hebdomadaire d’avions de toutes tailles ou d’autocars pour les petits trajets de cinq cents à six cents kilomètres. Le rythme choisi par le salarié, à l’occasion de son embauche, était, soit trois-une, soit trois-deux. Le premier chiffre indiquait le temps de travail et le second celui de la récupération auprès des siens. La différence entre les deux possibilités, s’expliquait par la prise en compte ou non des congés annuels payés. La demi-journée par semaine de repos, le vendredi après-midi, était occupée de mille et une façons. Elle permettait à chacun de s’adonner aux activités de son choix, sportives, culturelles ou tout simplement de loisirs. Tout était possible, absolument tout. Elle permettait aussi, aux croyants pratiquants, très minoritaires, d’aller prier à la mosquée. Il y avait deux lieux de culte musulman, un par base de vie. Les deux mosquées étaient petites mais belles et surtout d’une très grande harmonie. Celle de « Maison verte », la base de vie créée par Total et qui prendra le nom de « 24 février » en commémoration de la nationalisation des hydrocarbures, avait une architecture d’inspiration Ibadite, celle qu’on retrouve dan la vallée du M’Zab, mais aussi africaine que symbolise la mosquée Missiri dont une merveilleuse copie se trouve près de Fréjus dans le Var. Celle de Irara, un peu plus au sud et qui tire son nom d’une mythique rivière qui traversait le bassin de Hassi-Messaoud, était dans la pure tradition des sunnites d’Algérie. Hormis le football, le tennis, le basket, le volley….ou le billard, la pétanque, la belotte…. ou le cinéma, la télévision, la lecture… la piscine, le domino, le rami… il y avait toujours la possibilité de faire une petite mais réellement dépaysante balades à travers les dunes… Il suffisait de quitter la base en prenant une direction opposée au centre administratif derrière lequel se profilaient les installations de traitement du pétrole et du gaz qu’éclairaient d’insatiables torchères, pour se trouver trois ou quatre kilomètres plus loin, dans la féerie et la magie du désert.

Des sentiments étranges sillonnent le corps et l’âme du promeneur solitaire. Une peur indicible le gagne au point de lancer, par saccade, un regard inquiet tout autour de lui, pour vérifier l’absence de tout danger. La rondeur de l’infinie étendue, que ses petits pas ne pourront jamais entièrement fouler et l’immaculé drapé de sable que des millénaires ont transformé en poudre, étrangement comparable à celle qui donnait la fièvre aux chercheurs d’or, oppressent et angoissent. La tourmente du promeneur est bien réelle, un moment, apaisée, il poursuit sa quête du vide sidéral, le néant. Sur le chemin du retour, l’esprit et le corps, vidés, lavés, purifiés, il mesure enfin, l’humilité que l’homme doit avoir devant cette nature indomptable et belle comme la mer et comme elle, sauvage et fragile. Ce soir, le vent balaiera cette contrée, les traces du promeneur auront disparu puis naît un espace aussi vierge. Non loin de la verdoyante base de vie qu’embaume le galant de nuit, le prochain promeneur, à son tour, vivra le mystère du Sahara

Il ne restait plus qu’à se mettre au travail. Pendant que mon épouse soignait les salariés et parfois les membres de leurs famille, je m’attelais au défi qui se présentait à moi : moderniser la gestion des ressources humaines pour faire face à des enjeux qui nous engageaient devant les principaux opérateurs internationaux…

Deux évènements vinrent bouleverser l’hémisphère sud. A l’ouest, en Algérie, le Président Houari Boumédiène vient de décéder. Un homme politique d’une stature exceptionnelle : il avait notamment conduit l’Iran du Shah et l’Irak de Saddam Hussein à conclure une paix menacée de l’intérieur comme de l’extérieur. Quelques années plus tard, les deux pays, privés d’un arbitrage crédible, s’engagèrent dans une longue guerre qui fit plusieurs millions de morts et de blessés. Ce fut une prouesse diplomatique. Il était peu connu de l’occident qui ne l’appréciait pas. Il n’avait d’ailleurs jamais fait de visite en France. Il souhaitait y entrer par la grande porte, on ne lui a même pas ouvert une fenêtre. C’était surtout un homme intègre qui avait choisi son camp, celui de l’union soviétique même s’il était un ardent défenseur du non-alignement. Naturellement, les options politiques et le modèle de développement suivaient les lignes que le bloc communiste traçait. L’histoire a fait de ce dernier ce que nous savons, le symbole de l’oppression des peuples. Houari Boumédiène a été le seul président de la république, à engager la totalité des ressources pétrolières au service du développement de son pays. On peut tout lui reprocher à l’exception de l’absence de volonté de tirer son pays du sous développement. Sur le plan intérieur, la liberté était garantie à tous ceux qui ne contestaient pas de ses décisions. Les intégristes islamiques, ne pouvaient imposer leur loi. Durant le ramadhan, la personne qui ne se sentait pas liée par cette obligation religieuse, ne risquait pas l’agression et parfois la mort, que les illuminés de la foi vont, plus tard, donner sans le moindre remord.

A l’est, c’est l’avènement de l’Imam l’Ayatollah Khomeiny qui va lancer ses fidèles et ses troupes à la conquête de tous les territoires. Les plus fragiles seront une proie facile. Avec la disparition de Houari Boumédiène, l’unique rempart sur les côtes africaines, contre la déferlante de l’islamisme conquérant, l’Algérie s’offrait résignée, expiant par ses souffrances, des pêchés, par milliers, qu’elle croyait avoir commis toute une vie durant. Son martyr ne faisait que commencer…

Le temps passe, avec ses jours heureux et d’autres qui l’étaient moins. Les militants islamistes accentuaient chaque jour un peu plus leur pression sur la population allant jusqu’à proposer de l’argent pour l’achat d’un hijab, un terme qu’ils n’employaient pas et lui préféraient celui de protection, de la jeune fille, évidemment.

Par un jour ordinaire de ce début de printemps, mon homologue de la société Total qui assurait pour le compte de Sonatrach, l’exploitation de quatre appareils de forage pour des opérations spécifiques de reprises de puits, m’alerta sur une situation nouvelle qui pourrait mettre en cause la sécurité des installations et des hommes. En effet, sous la conduite d’un technicien, tout le personnel algérien et qui était rattaché à mes services, s’était mis subitement à cesser le travail, le temps de la prière. Cinq fois par jour, tout le monde était aux portes de l’enfer ou à celles du paradis. Chacun pouvait choisir son chemin vers l’au-delà. Le danger était réel et le problème aussi. La résolution d’une telle préoccupation, relevait de mes prérogatives, conformément au contrat de partenariat qui liait nos deux sociétés, Sonatrach et Total. Par l’intermédiaire de mon homologue de l’entreprise partenaire, je convoquai dans l’urgence le responsable de ces pauses qu’aucun règlement ne prévoyait et qui, surtout, mettaient en danger la vie d’autrui. Quelque instants plus tard, mon secrétaire l’annonça et le fit immédiatement entrer. Il avait une tenue soignée, la voix calme et les propos bien pesés, quelqu’un qu’on apprécierait rapidement tant la sérénité qu’il dégageait était forte. J’avais vite cerné les raisons de l’ascendant qu’il avait sur ses collègues. Une fois les données du problème posées, il me fit remarquer que nos logiques respectives se défendaient mais qu’elles étaient, néanmoins, différentes : à mes considérations économiques il opposait sa quête de spiritualité. Je décidai, résolument d’aller sur son propre terrain. Elevé dans la tradition sunnite, je me sentais capable de lui fournir des éléments de réflexion qu’il ne pouvait réfuter. Je lui demandais s’il était d’accord avec l’affirmation selon laquelle, une prière est un don que l’individu fait à Dieu. Il acquiesça. Je poursuivais mon raisonnement en lui faisant, à mon tour, observer que le don qu’il faisait n’est pas licite et que c’est même un vol. La tradition sunnite qui puise sa force dans le bon sens, finit par convaincre mon interlocuteur. Je lui rappelais enfin, que, empêché d’accomplir son obligation religieuse à l’heure fixée par les textes, il avait la possibilité de récupérer toutes ses prières, en dehors des heures de travail. Il me salua avant de me quitter avec autant de sérénité qu’au début de notre entretien, Depuis, sur les appareils de forage, la vie reprit son cours habituel. Une certitude, cependant, rien ne sera plus comme avant.

Au lendemain de cette indispensable mise au point, un correspondant anonyme m’informait, que je n’aurais pas le soutien des services secrets, si cette confrontation à la première manifestation de l’intégrisme islamique en milieu de travail, devait prendre une autre forme d’expression. Une grève était aussi redoutée qu’une action violente. J’étais averti.

L’Algérie a un nouveau président, un colonel de l’armée, Chadli Bendjedid. Sans idéologie marquée, il était, aussi, sans principes. Des algériens par centaines, peut-être même par milliers, partaient se battre aux côtés de leurs frères afghans contre l’occupant soviétique et revenaient, à l’occasion de leurs «permissions» comme s’ils revenaient d’un séjour touristique. Ils n’étaient nullement inquiétés. Plus tard, ceux qu’on appellera les « Afghans », aguerris par de multiples expériences de combattants aux côtés des talibans que soutenaient les services secrets américains, massacreront leurs frères de sang, avec une sauvagerie que seuls des scénaristes de films d’horreur pouvaient imaginer. Sur le plan économique, hormis des arrêts de bus, il n’avait pas inauguré le moindre équipement industriel. L’argent du pétrole et du gaz servait à satisfaire les appétits du consommateur algérien qui se découvrait : il est vrai, notamment, que l’emmental d’Autriche n’avait jamais été autant disponible sur des étals qui prospèrent du trabendo (mot emprunté à l’espagnol et qui signifie petit trafic ou petit commerce en tout genre, sous entendu, sans aucune autorisation). Il est vrai également qu’il avait permis à l’agriculture de sortir un peu du système kolkhozien dans lequel, elle était enfermée. Il était aussi le promoteur de l’ouverture au multipartisme qui dans sa marche triomphale, installa le Fis (Front islamique du salut) qui exigera son départ…

Notre fille va avoir bientôt six ans. Il fallait lui trouver un établissement conforme à notre idéal. L’office culturel français gérait encore des établissements scolaires dans les principales villes du nord du pays, Alger, bien entendu mais Oran, Annaba mais aussi Skikda, anciennement Philippeville. C’est dans le cadre de la restructuration du secteur des hydrocarbures que j’obtins ma mutation vers le pôle de la pétrochimie. Je fus rapidement nommé, Drh (directeur des ressources humaines) d’une branche de quatre mille salariés, qui subissait comme le reste de l’économie les contrecoups de choix politiques désastreux. L’installation à Skikda s’est faite sans heurt. Comme à Hassi-Messaoud, nous disposions d’une villa confortable et un cadre de vie très agréable. Il suffisait de quelques pas pour se retrouver sur la plage de Jeanne d’Arc, aujourd’hui Ben M’hidi. Notre environnement était aussi très cosmopolite, des français d’un côté, des italiens de l’autre, mais aussi des roumains ou des indonésiens… Notre régime alimentaire suivait les origines de notre voisinage. Souvent, c’était une balade à Stora qui n’avait pas changé, malgré le temps et sa grande plage ou ses petites criques pour les amateurs de plongées sous-marines. Il n’était pas nécessaire d’aller trop loin pour trouver une occupation qui vous donne autant de plaisirs. On peut terminer la journée en dégustant quelques fruits de mer dans un restaurant du vieux port. Skikda, était aussi le pays de la fraise. Comme pour le poisson, son prix était à la portée de toutes les bourses et bien plus pour les nôtres. Skikda, a son théâtre romain qu’elle garde de l’ancienne Rusicade ou Rusicadia la latine, mais aussi ses arcades très animées. Commerces et Cafés alternent de part et d’autre du théâtre municipal. Plus loin, en descendant la rue de Constantine comme les habitants l’appellent encore, la grande esplanade vous accueille avec le souffle frais de la brise de mer. Le long du port, tournant le dos à la mer, la cité administrative est telle que les français l’ont laissée. C’est un ensemble architecturale d’inspiration arabo-andalouse, qui ne trahit point les maîtres de Cordoue ou de Grenade. A l’angle de la grande place, se dresse l’hôtel de ville qui rappelle la majesté d’une mosquée. Et puis, au gré de la promenade, vous passerez devant le commissariat, la banque pour arriver à la poste. Je suggèrerais au visiteur de revenir sur ses pas car le passage par le front de mer manque de vie. C’est peut-être la volonté des bâtisseurs qui souhaitaient réunir dans la convivialité, habitants et visiteurs. Au retour, sous vos yeux remplis de lumière vive, celle que capte et renvoie la blancheur des murs, se dressent des résidences, datant de la même époque avec une référence moins marquée aux constructions mauresques. En traversant la grande place, le grand bâtiment qui attire votre regard est la gare. En allant vers les quais, en sous-sol, les escaliers vous plongent dans l’Andalousie. Les mosaïques aux arabesques colorées vous retiennent comme pour vous inviter à rester longtemps, plus longtemps. Si la gare de Perpignan est le centre du monde, celle de Skikda est son étoile du berger…Si vous reprenez dans l’autre sens, la route de Constantine, vous passerez devant une grande place. C’est ici que se dressait, il n’y a pas si longtemps encore, l’église Saint Coeur de Marie. Elle a été démolie pour, sans aucun doute, effacer une lourde page d’histoire. Cependant, elle est là, dans le cœur de beaucoup de musulmans qui regrettent de n’avoir pas eu la grandeur d’âme des espagnols qui ont su préserver un patrimoine aujourd’hui, universel.

La scolarité d’Irène se poursuivait bien et ses progrès bien visibles. Avec de petits effectifs, un instituteur expérimenté et consciencieux, toutes les conditions étaient réunies, pour permettre à chaque enfant d’aimer l’école et de s’épanouir dans les apprentissages qui construiront son autonomie. A ce propos, sa mère et moi, en étions très fiers, quand à sept ou huit ans, elle avait commencé à prendre l’avion toute seule pour retrouver ses grands parents qui l’attendaient à Marignane. De retour de vacances, nous avions toujours droit à du champagne, produit de ses relations amicales tissées avec l’hôtesse de l’air, le temps de la traversée…

Mon épouse exerçait son métier de médecin spécialiste en endocrinologie à l’hôpital de la ville. Comme un peu partout à travers le monde, la structure ne répondait pas aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse. Les moyens humains et matériels manquaient, alors il fallait utiliser au mieux ce qui était disponible. Elle soulageait, elle réconfortait, elle soignait comme ses maîtres le lui avaient appris et cela suffisait au bonheur de ses patients. Au pays des fortes recommandations, elle appliquait strictement le principe de chacun à son tour. Cette insignifiante règle, appelait adhésion et même satisfaction de tous les usagers d’un service public qui se délabrait chaque jour un peu plus. Or, aider l’autre, les intégristes islamiques estiment, toujours, en être les dépositaires, et investir cette sphère fait de vous quelqu’un qu’il faut éliminer. Mon épouse était en danger.

Le 5 octobre 1988, le réveil fut ordinaire, la matinée ordinaire et les occupations ordinaires cependant les inquiétudes se lisaient sur tous les visages, dans les yeux et à travers les questions sans réponse qui fusaient à chaque coin de rue. Quand la radio et la télévision passaient en boucle des chants patriotiques, toujours les mêmes depuis près de trente ans, c’est qu’il se passait quelque chose de grave. Comme pour tout pays africain, on pensait d’abord à un coup d’état. L’hypothèse semblait des plus réalistes tant le chef de l’état et son gouvernement étaient impopulaires. Rien n’empêchait de ressasser encore et encore des interrogations mille fois répétées puisque toutes les communications étaient coupées : pas de téléphone, ni de fax et même le télex, l’outil principal des entreprises ne transmettait pas le moindre mot. De l’angoisse à la peur, chacun essayait de se rassurer en rassurant ses proches. Ce n’est qu’en début de soirée, contrairement aux habitudes, que les autorités décidaient de tout montrer à travers l’unique chaîne de télévision sitôt relayée par les stations du monde entier. Jamais, on eut cru possible une pareille révolte de la part de l’algérien, lui qui fut muselé et brisé au premier gémissement qu’il s’autorisait. Les autorités, cela demeure entendu, n’avaient montré que les dégâts matériels, conséquences des révoltes d’octobre 1988. Curieusement, ce dernier huit, nous rapprochait beaucoup de nos amis et cousins français. Comme de coutume, elles ne feront jamais état des quasi exécutions sommaires dont ont été victimes ces jeunes qui offraient leurs corps aux balles de leurs supposés protecteurs. Ce jour là, l’armée, appuyée par les services de police et de gendarmerie, avait tiré à l’arme lourde et même au canon. Bien sûr, il y eut des manipulations de toutes sortes, tant les intérêts étaient multiples et croisés. Le sang des innocents avait coulé et le malheur s’était répandu…

Curieusement, quelques jours plus tôt, le 19 septembre exactement, le président de la république, Chadli Bendjedid, en personne, dans une allocution télévisée en début de soirée, dénonçait, pêle-mêle, les cadres du parti unique comme les hauts fonctionnaires qui paraissaient peu concernés par la dégradation de la situation politique, économique et sociale. Les mots les plus violents furent réservés à ceux qui inscrivaient leurs enfants dans les écoles françaises, les traitant, au passage, de complexés. Bien que ne se sentant pas concernés par une telle attaque, nous n’en fûmes pas moins bouleversés et même choqués.

Chaque jour qui passait, apportait son lot d’inquiétudes. La situation de mon entreprise, la Sonatrach, la fierté du pays se dégradait inexorablement. Une restructuration hasardeuse, une bureaucratie infernale et un népotisme généralisé avaient fini par faire du joyau national la vache à lait qu’il fallait maintenir en survie. Quand l’encadrement ne prenait pas définitivement le chemin de l’Europe, de l’Amérique ou de l’Australie, il était mis dans de très beaux placards. Tous les responsables du pays étaient indifférents à ce lamentable gâchis. Aujourd’hui encore, de nombreuses entreprises,à travers le monde, comptent dans leurs staffs, un ou plusieurs techniciens de haut niveau, issus des sociétés algériennes que l’intégrisme islamique associé à un déclin, de valeurs , de culture et de civilisation, depuis longtemps amorcé, affaiblissait. Aucune autre sphère ne lui échappait. Les militants du parti unique, ces intarissables donneurs de leçons, devenaient ses fervents dévots et les acteurs de la vie sociale, pour ce qui en restait du moins, devaient s’effacer et parfois disparaître. Ce domaine, l’action sociale, était le monopole divin de l’intégrisme. Pendant ce temps, ceux qui avaient le destin du pays entre les mains, ne se souciaient que de la préservation de leurs fortunes, déjà colossales. L’exode massif des ressources financières et intellectuelles et la violence barbare qui l’accompagnait, avaient fini par achever le repli d’un pays que des siècles d’histoire n’ont pas fini de stigmatiser…

Le temps passait et les menaces se faisaient précises. Les écoles de l’office culturel français fermaient, l’une après l’autre et nous ne pouvions nous résoudre à envoyer notre fille à l’école algérienne à laquelle, elle n’aurait jamais pu s’adapter. Cette école a été massacrée par les hallucinations de certains penseurs et la croissance démographique a fini par en faire une garderie à temps partiel. Elle était tellement loin de prétendre au titre d’institution scolaire que même celui qui deviendra le président du premier parti islamique algérien, faisait scolariser ses enfants dans une école qui symbolisait la république française. Si la presse était libre, elle aurait certainement taillé à cet opportuniste qui se déclarait, par calcul, franchement antifrançais, le costume de la vraie vie. Le peuple aurait compris plus tôt.

A l’avenir de notre fille, s’ajoutaient les risques que courait mon épouse. Elle n’était pas à l’abri d’un acte d’un fanatique. C’était l’époque où l’absence du foulard ou le centimètre qui manquait à la longueur de la jupe de la jeune fille autorisait son vitriolage. Pire encore, les dénonciations étaient si faibles que les intégristes les prenaient pour des encouragements. Je ne pouvais me faire à l’idée de renvoyer celle qui partage ma vie, à ses parents, dans une boîte en sapin comme si cela était déjà écrit. Notre décision était prise, il nous fallait partir…

C’est dans le lot, la terre de ses ancêtres et où elle a encore de nombreuses attaches familiales que mon épouse s’est installée comme médecin spécialiste libéral. Irène est au collège de la ville et moi à la recherche d’un emploi. Je ne voulais pas m’inscrire à l’agence nationale pour l’emploi car je pensais, que la meilleure façon d’agir est de le faire sans contrainte aucune. Je pris néanmoins rendez-vous avec le directeur de l’agence locale qui au vu de mon curriculum vitae, me remit une liste de structures auxquelles je pouvais proposer mes services. L’entretien avec Axel Zeïtoun, le directeur, fut court mais efficace et conclu par quelques conseils sur le plan d’actions que je soumettais à son appréciation. Sur cinq candidatures spontanées, j’avais, dans la semaine, cinq réponses dont une seule bien que négative laissait entrevoir des possibilités de collaboration. Plus tard, cette dernière deviendra, mon principal partenaire et ma référence universitaire. Il s’agissait de l’Ipst-cnam (l’institut de la promotion supérieure de travail qui gère le conservatoire national des arts et métiers en Midi-Pyrénées). Cette institution interuniversitaire était dirigée par Jean Alain Verdier, un pédagogue doué d’une vision particulièrement pertinente des enjeux de la formation continue…

Mon choix se porta sur un organisme de formation à dimension régionale dont le siège était à Toulouse mais qui proposait de l’animation de stage sur le Lot. La localisation géographique avait pour moi une grande importance : d’une part, je ne disposais que de maigres éléments de comparaison et d’autre part, j’étais un peu las des incessants déplacements que m’imposait ma précédente vie professionnelle. Je fus reçu pour un premier entretien par Christine Taverner, la directrice de l’agence de Saint-Céré de l’Afores (l’association pour la formation et la réinsertion sociale). L’échange nous permit de mieux nous connaître en explorant les possibilités de collaboration. Au cours la deuxième rencontre, Christine Taverner, me précisa ses attentes dans le cadre d’actions de redynamisation mais aussi de qualification tertiaire que pilotait la direction départementale du travail et de la formation professionnelle. Pour les premiers, mes interventions devaient se centrer sur la connaissance de soi et la dynamique
personnelle et de groupe et pour les seconds essentiellement du français. Par des évaluations appropriées, je parvenais à apporter aux uns et autres les moyens de surmonter les difficultés rencontrées. A travers des exercices fort simples et parfois de véritables jeux, ils parvenaient à pénétrer les mécanismes psychologiques les plus subtils. En français, une des caractéristiques du public en voie d’insertion, était la faible ou l’absence de maîtrise de la structure de la langue. L’école a presque abandonné cet aspect de l’apprentissage à travers l’analyse logique. Celle-ci, envahie par des apports de la linguistique, au nom d’un souci de modernité très discutable, a fini par devenir rébarbative et d’aucun intérêt. Pour les linguistes les plus en vue du moment, l’apprenant qui a la compétence, autrement dit, qui maîtrise la structure de la langue, a une performance infinie : l’élève peut produire à volonté des discours rigoureux, juste et précis. Ce faisant, il améliore aussi son orthographe. Au-delà de la modernité de la démonstration, compétences, performances, qu’on redécouvre aujourd’hui, c’est toute la sagesse des anciens pédagogues que j’essayais de mettre au service de mes stagiaires. Le travail de remédiation opérait, la joie d’apprendre s’installait progressivement et la réussite était là. C’était en présence de Gilbert Campergues, directeur de l’Anpe, de Michel Gard, conseiller professionnel, son collaborateur et de Martine Chassaing, représentant la direction départementale du travail de l’emploi et de la formation professionnelle que notre directrice présenta le bilan de l’action d’insertion en présence de tous les participants. Globalement, les résultats étaient des plus honnêtes. Les stagiaires avaient une pêche d’enfer et une combativité bien visible, pour aller à l’assaut d’un monde du travail de plus en plus sélectif…

Quelques jours plus tard, la directrice nous apprend que pour des raisons personnelles, elle souhaitait se rapprocher de sa famille sur les bords de la Méditerranée. La direction générale de Afores me fit la proposition de la remplacer et que j’acceptai sans me poser de questions, tant j’y étais préparé par Christine Taverner qui eut l’occasion de me présenter aux partenaires comme aux élus.

Dans les couloirs se murmuraient déjà, les difficultés financières que rencontraient Afores et quand le 15 janvier 1992, je reçus le courrier de l’administrateur judiciaire, c’était pour m’annoncer mon licenciement économique qui fait suite au dépôt de bilan. Comme beaucoup d’organismes de formation, Afores n’avait pas su intégrer tous les paramètres de son développement. En dépassant un effectif de vingt salariés et un chiffre d’affaire de 500 000 euros, les centres de formation fermaient leurs portes aux premières turbulences. Une rupture dans la programmation ou un retard de paiement que les procédures administratives imposaient, suffisait à décider d’une liquidation judiciaire.


Me voici, à nouveau confronté à la recherche d’emploi et une nouvelle fois, je devais me poser la même question, faut-il ou non m’inscrire à l’Anpe. Ma réponse n’avait pas changé mais il faut dire je venais de vivre une situation un peu paradoxale. La structure au sein de laquelle j’exerçais comme formateur que je dirigeais depuis plusieurs mois déjà, était financièrement viable et réunissait toutes les conditions susceptibles d’assurer un avenir serein. Cette appréciation était, bien entendu, à relativiser. Notre localisation sur une zone rurale en voie de revitalisation est à la fois un atout par l’absence de concurrence mais aussi une menace par la faible densité de population. La situation lucidement analysée et en concertation avec mon collègue, je préférais l’option de la création d’activité. L’obstacle le plus important était d’ordre financier. Nous nous étions portés acquéreurs du matériel de notre ancien employeur. A deux, la décision d’investir était plus facile à prendre. Il est vrai que nous étions les deux fondateurs de l’organisme en construction. Cependant, sans lui nier tout mérite, son niveau de formation et ses expériences le cantonnaient, hélas, dans des tâches d’exécution. Ne justifiant que du baccalauréat et d’un début d’études supérieures dans la filière administration économique et sociale, non validées, on ne peut raisonnablement, s’attendre à ce qu’il produise des réflexions élaborées sur les sujets majeurs qui préoccupent notre secteur d’activité. Son expérience de formateur lui permettait d’assurer ses différentes missions avec une certaine réussite. Il avait le profil de ces intervenants de la formation professionnelle des adultes dont on ne peut attendre des innovations. Aux pieds d’un ouvrage comme le viaduc de Millau, il est possible d’entendre le terrassier et l’architecte en chef, en revendiquer la paternité. La légitimité de l’un, ne peut pas effacer celle de l’autre, bien que l’implication et la contribution de l’un ne sauraient égaler celle de l’autre.

Le statut de la structure en construction qui paraissait s’imposer de lui- même était celui d’association relevant de la loi 1901. En province, et plus particulièrement dans notre département, les institutionnels ne confiaient que très rarement les actions sociales à des structures commerciales. Dans le domaine de l’intervention sociale comme celui de la formation, les structures privées traînent encore une forme de mauvaise réputation. Leur motivation, selon les préjugés dominants ne serait que pécuniaire. C’était une bien curieuse situation dans le pays de la libre entreprise. Cependant, depuis quelques années, nous percevons les frémissements d’une évolution vers d’autres statuts que celui d’association. L’autre raison ayant conforté le choix de ce statut, était mon implication dans le réseau local qu’animait mensuellement Pierre Brayac, un élu et un acteur social particulièrement engagé. Ce réseau réunissait presque tous les intervenants de la sphère sociale : certains membres de la commission des affaires sociales de la ville, les services du conseil général et plus particulièrement les assistantes sociales de secteur, la protection judiciaire de la jeunesse mais aussi toutes les structures associatives. Ce lieu de communication et d’échange m’avait certes permis d’informer régulièrement des prescripteurs potentiels des réponses en termes d’emploi et de formation que je pouvais apporter aux usagers mais aussi de convaincre les élus du territoire de l’utilité d’une structure locale qui s’attacherait plus particulièrement à la stimulations de projets en faveur des citoyens les plus démunis et qui cumulaient, parfois, tous les facteurs de la grande précarité : pas de qualification, pas de mobilité et pas de réseau relationnel. Ainsi, le choix du statut était fait comme celui du nom qui avait commencé à prendre forme dès les premiers instants où l’idée de créer une activité avait commencé à germer. L’association pour le développement des compétences est une identification porteuse d’espoir dans la mesure où elle fait de ses usagers les acteurs de leur devenir. Le terme même de compétences commençait à peine à faire son entrée dans le langage courant, qu’il était répété et amplifié à l’infini. Depuis, certaines sociétés ont essayé de se l’approprier en totalité, d’autres, en partie, comme analyse et développement des compétences aboutissant au même sigle, adc. En interrogeant un moteur de recherche sur Internet, on découvre que ce sigle éblouit la planète entière : pour peu qu’elles utilisent des caractères latins, des milliers de structures se dévoilent sur l’écran. Il est utilisé par des entreprises industrielles, commerciales ou de prestations de services les plus variés. Aujourd’hui, le nom, le sigle et les activités qui leur sont associées, sont protégés par un dépôt auprès de l’institut national de la propriété industrielle (Inpi).

L’assemblée générale constitutive a été organisée le 12 février 1992 avec la participation de Pierre Brayac adjoint au maire de Saint-Céré, Jean Launay Maire de Bretenoux ainsi que des collègues responsables d’établissements de formation. Il y avait notamment, Guillaume Perrez, Nicole Pautard et Christine Tarverner. C’est cette dernière que l’assemblée porta à la présidence de l’association dont l’acte de naissance indique le 22 février 1992. Christine Taverner qui dirigeait un important organisme de formation à Perpignan, une fois les premières et importantes formalités accomplies, passa le relais à Pierre Brayac. Par sa position d’élu local, il permit à adc de conclure la première convention dans le domaine de l’intervention sociale : le suivi-accompagnement des allocataire du Rmi. C’est une jeune structure qui commençait à marcher et qui grandissait que Pierre Brayac confiera à Jean Launay. En 1999, après son succès aux législatives et en raison d’un emploi du temps de plus en plus chargé, Jean Launay décida de se retirer de la présidence d’adc. Plus tard, il démissionnera du poste d’administrateur, qu’il avait dans un premier temps souhaité conserver, Après ce départ, j’avais personnellement coopté la candidature de Jean Claude Exiga, un choix qui se révèlera néfaste tant pour le développement de la structure que pour ma propre situation.

adc était sur la rampe de lancement. A présent, elle doit réfléchir au cadre philosophique dans lequel vont s’inscrire ses actions, aux règles d’éthique, aux principes, que nul ne pourra transiger et à l’élaboration de sa charte de fonctionnement dans laquelle devront se retrouver les exigences des clients : institutions, entreprises ou simples particuliers.

Les chartes de qualité du Conseil régional Midi-Pyrénées ou celle de l’agence nationale pour l’emploi, futur pôle-emploi, trouvaient des réponses tout à fait naturelles dans les règles qu’adc avait adoptées.
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